Dans son ouvrage intitulé le goût de l’archive (1981), l’historienne Arlette Farge démontre la manière dont les archives médiatiques parviennent à décupler la « foule » en spécifiant chaque pan de ce qui constitue la société. Cet ouvrage légitime le média comme objet d’histoire permettant, à bien des égards, de saisir la lente professionnalisation du corps des journalistes, ce dont il est question de traiter.
Précisément, la professionnalisation désigne le processus par lequel un corps se structure et devient une profession en ce qu’elle incarne une activité libre mais légalisée ; développée mais organisée. Si Voltaire définit le journaliste comme un auteur écrivant dans les gazettes, Pierre Larousse, au XIXe siècle, le définit comme « un écrivain qui travaille à la rédaction d’un journal ». Peu à peu et au prisme de l’enchaînement des régimes politiques en France tout au long de ce que l’historien Emmanuel Fureix analyse comme le « siècle des possibles » – XIXe siècle, le journalisme, d’abord perçu comme un danger pour l’autorité politique se structure et devient même un outil politique au cours de la Grande Guerre (1914 – 1918). C’est ce paradoxe entre une lente structuration en raison d’une méfiance des autorités politiques à l’égard de ce corps de métier et une législation libérale mais encadrée qu’il convient d’analyser. En 1830 et à la veille de la charte du 14 août 1830, le journalisme n’est pas une profession définie et les principes de libertés notamment d’expression s’éloignent inexorablement des frontières. Le régime du Directoire (1795 – 1799) d’abord puis la Restauration (1814 [Cent jours non compris] – 1830) ensuite liment les libertés accordées à la presse. À cette époque, il est question de maîtriser la parole et l’information pouvant influencer l’opinion publique dans un contexte instable et révolutionnaire.
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