Le 18 mars 2020 devait sortir l’adaptation sur grand écran du traité d’économie de Thomas Piketty, Le capital au XXIe siècle paru en 2013 et analysant la répartition des revenus et patrimoines depuis le XVIIIe siècle. Reprogrammé en salle, à ce jour, pour le 22 juin 2020, décryptons en ces quelques lignes la théorie générale de ce véritable best-seller d’économie.
« L’inégalité n’est pas nécessairement mauvaise en soi : la question centrale est de savoir si elle est justifiée, si elle a ses raisons. »
T. Piketty
Ces mots, que l’on retrouve en introduction, témoignent à eux-seuls de la démarche entreprise par Thomas Piketty, motivée est-elle par un désir de décupler, au prisme de données historiques, ce que les économistes, à l’instar de S. Kuznets, ont trop souvent présenté comme une fatalité : les inégalités. Si les sources témoignent d’une forte hausse des inégalités de revenu depuis les années 1970, ce que le rapport capital/revenu (K/r) confirme, très vite l’accumulation du capital relativement au revenu observé en Europe et aux États-unis pose un souci de répartition des richesses, selon l’économiste. Dès lors, comment expliquer l’avènement d’une société patrimoniale au XXIe siècle ?
L’analyse : la théorie générale
Ce traité d’économie puise ses analyses et modélisations de sources fiscales historiques mais se heurte très vite à l’absence de données précises aux XVIIIe et XIXe siècles. Il faut comprendre que l’impôt sur le revenu, conçu ici comme un outil de production de catégories juridiques véritable outil d’observation pour les scientifiques, n’est légiféré que le 15 juillet 1914 en France. Le Royaume-Uni, en 1909, est l’un des premiers États dans le monde à mettre en place un impôt progressif sur le revenu, bien devant les États-Unis (1913). Les ressources fiscales du patrimoine, qui rendent compte du capital détenu, reposent essentiellement sur les données françaises issues du droit des successions comme hoirie de la Révolution française. En ce sens, la France peut sembler incarner l’observatoire le plus riche au monde. Là encore, il faut attendre le XXe siècle pour disposer de ressources fiscales fiables et précises aux États-Unis avec l’adoption, en 1916, de l’impôt fédéral sur les successions. Conjuguées à ces sources historiques – dont on a fait un simple résumé, le World top incomes database (WTID) regroupe les travaux de modélisations et de recherches des économistes ayant contribué à cet ouvrage et dont les graphiques présentés et analysés proviennent.
Voyons, à travers 2 courbes, ce qu’est la théorie générale défendue par Piketty : celle d’une repatrimonialisation (accumulation du capital) des sociétés. Très vite, si les différents chocs économiques, issus des guerres mondiales, attestent d’une répartition des richesses plus équitables qu’au XIXe siècle, les années 1980 démontrent une forte explosion des inégalités de revenu. Mais il semble que le retour à une société patrimoniale relativement au revenu ne soit manifeste en Europe comme tribulations d’une accumulation massive du capital (K).

Assurément, ce premier graphique met en lumière la théorie générale défendue pour laquelle, l’explosion des très hauts revenus constitue un problème fondamental politique pour la stabilité des sociétés démocratiques contemporaines. Plus particulièrement, ce graphique remet en question la théorie de la “bonne nouvelle” de Kuznets stipulant, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une baisse de la part des hauts revenus. Or, et cette courbe le met en évidence : on assiste à une forte explosion avec la part du décile supérieur dans le revenu national américain à près de 50% en 2010 – plus 50% en 2012, de facto.

Le premier phénomène, que l’on observe bien plus aux États-Unis, est celui de l’explosion des très hauts revenus. En Europe et au Japon, le retour d’une société patrimoniale, au sens d’une remontée de la valeur totale du patrimoine relativement au revenu, s’observe à travers la relation capital/revenu. Soit r = taux de rendement net du capital et g = taux de croissance. Si r – g est élevé alors l’inégalité patrimoniale peut retrouver ou dépasser ses niveaux records du XIXe siècle.
Ainsi, s’il y a un phénomène bien connu d’une explosion des très hauts revenus, l’accumulation du capital, phénomène plus souterrain, semble engendrer un véritable problème de répartition des richesses contribuant, à long terme, à une paralysie de l’économie mondiale. C’est ce dernier phénomène (couvrant la partie II et III de l’ouvrage) qu’il convient de bien expliquer pour mieux appréhender la théorie générale défendue par Piketty.
1) Une repatrimonialisation des sociétés?
Tout d’abord, le ratio patrimoine/revenu semble retourner vers de très hauts niveaux dans les pays de croissance faible. L’intuition est celle d’une place importante des patrimoines dans une société de croissance lente. Le patrimoine est conçu ici comme le capital (K) c’est-à-dire tout ce que l’on possède et que l’on peut vendre sur un marché net de toutes les dettes. Dès lors, le ratio patrimoine – revenu est supposé constant. Soit β = ratio patrimoine/revenu, K = capital, y = une année de revenu
β = K/y
En réalité, on constate en Europe et au Japon une forte hausse de ce ratio β au cours des dernières décennies :
- β = 600 – 700% au XVIIIe/XIXe siècle
- β = 200 – 300% en 1950 – 1960
- β = 500 – 600% en 2000 – 2010
Ainsi, si le patrimoine représentait en moyenne 2 à 3 années de revenu vers 1950-1960, il représente aujourd’hui 5 à 6 années. Avec un β = 600%, faisons la moyenne :
Si y = 30 000 €/hab alors K = 180 000 €/hab -> cela signifie que la moitié de la population ne détient pas ou presque pas de capital. β mesure ainsi le degré de patrimonialisation et de capitalisation d’une société. De nos jours, Amazon cherche à remplacer les livreurs par des drones. Les grandes surfaces entendent supplanter les caissiers et caissières par des machines automatisées. Toutes ces actions sont d’autant de facteur pouvant expliquer ce β.
Ces quarante dernières années attestent inexorablement d’une explosion du ratio β :
Pays/Année | 1970 | 2010 |
États-Unis | 350 % | 400 % |
France | 300 % | 500 % |
Italie | 250 % | 700 % |

Il convient de distinguer le K privé (concernant les actifs immobiliers et financiers = différence entre les actifs et les dettes des ménages privés) du K public correspondant à l’actif des puissances publiques que l’on retranche aux dettes publiques. Dans les PID (pays industrialisés développés), on assiste à un phénomène de privatisation. En 1970, le β relatif au K public en Italie est à 0,5%. En 2010, il est à -80%. Pourtant, le transfert K public vers K privé (privatisation) est minoritaire dans la hausse du K privé. En Italie, seulement 1/4 de l’enrichissement privé est dû au phénomène de privatisation, ce que le ratio β explique. C’est également ce que l’on peut observer au Royaume-Uni : le K national vaut environ 7 années de revenu national. L’explication la plus poignante est celle d’un État qui, progressivement, s’appauvrit alors même que la croissance diminue ; ce qui implique une augmentation de l’épargne accumulée dans le passé relativement au revenu courant, gonflant les prix des actifs.
À long terme, la patrimonialisation des sociétés accroit les inégalités. La manière la plus simple, afin de bien comprendre ce phénomène, est de modéliser le ratio β. Soit S = taux d’épargne net de la dépréciation du K, g = le taux de croissance (population + production)

β = s/g ↑ si g ↓
Vérifions :
- Si S = 10%, g = 3% alors β = 300%
- Mais si S = 10% et g = 1,5 % alors β = 600%
Ainsi compris, dans une société de croissance lente (1,5% si l’on est positif dans les prévisions), les patrimoines accumulés dans le passé prennent naturellement une grande importance. Le K est de retour car la croissante lente se manifeste du fait d’une population qui décroit en Europe.

Cette modélisation émet l’hypothèse d’une repatrimonialisation mondiale des sociétés dans le monde. Cette hausse du ratio β peut signifier une hausse de la part du capital (que l’on appelle Ⲁ) dans le revenu national. Soit β = le volume total de capital par rapport à une année de revenu (ce que l’on a vu précédemment) et Ⲁ = la part des revenus du capital (loyers, intérêts/dividendes/profits) dans le revenu national. Pour passer de l’un à l’autre, il faut s’intéresser au rendement moyen du capital. Effectivement, si le stock de capital représente β = 6 années de revenu et que le rendement moyen du K est de r = 5% alors la part des revenus du K (Ⲁ) = r X β = 30%
Cette donnée dépend de l’élasticité de substitution Ω entre les facteurs de production K (capital) et L (travail) sur Y.
L’intuition ici repose sur ce qu’indique cette élasticité. Ω indiquerait dans quelle mesure il est possible de remplacer des salariés par des machines. L’hypothèse standard est celle de la fonction de production Cobb-Douglas. Plus clairement, cela revient à supposer que lorsque l’on a plus de capital, le rendement (utilité) du K dans le processus de production va diminuer. Mais à quel rythme lorsque l’on augmente la quantité ?
- La fonction Cobb-Douglas suppose que lorsque le stock β augmente, le rendement (r) diminue exactement dans les mêmes proportions, si bien que le produit des deux valeurs est constant.
- Mais si Ω > 1 alors r ↓ si bien que Ⲁ = r X β augmente. -> c’est exactement ce que les années 1970-1980 illustrent. Mais il est tout à fait logique que Ω augmente au cours de l’humanité du fait des usages plus divers du capital.
- Cas extrême : Ω = Ⲁ (les deux valeurs infiniment élevées) -> il s’agit d’une économie entièrement robotisée où l’on peut remplacer toutes les fonctions humaines par des machines.
2) La concentration du patrimoine
En Europe, la concentration du capital était extrêmement élevée aux XVIIIe et XIXe siècles. La Première Guerre mondiale, véritable choc économique, équilibre la concentration du patrimoine.
- Au XVIIIe/XIXe s, environ 90% du capital global est détenu par les 10% les plus riches soit environ 60% du capital détenu par les 1% les plus riches. Ainsi, dans une société patrimoniale classique, une minorité vit de son patrimoine.
- Aujourd’hui, environ 60-70% du capital est détenu par les 10% les plus riches soit environ 20 à 30% du capital est détenu par les 1% les plus riches. Les 50% les plus pauvres possèdent moins de 5% du capital global. Les 40% du milieu – la classe moyenne – détiennent environ 20 à 30% du capital national ce que H. Mendras démontre à travers sa thèse portant sur la moyennisation de la société.
Ainsi, les chocs du XXe siècle ont conduit à cette diffusion du patrimoine. L’exemple français est très intéressant dans cette analyse :

En France, en 1910, 70% du patrimoine est transmis au centile supérieur (les 1% des patrimoines les plus élevés). En cela, la Révolution française ne peut être retenu comme l’évènement ayant égalisé les richesses, la belle époque témoigne d’une concentration inégale des patrimoines en France. Les guerres, perçues comme des chocs économiques importants, déconcentrent le patrimoine : convoquons l’impôt progressif sur le revenu, la sécurité sociale etc.

Plus globalement, avant les guerres, il n’est pas possible de constater une déconcentration du patrimoine. Pour expliquer ce phénomène de concentration, il convient de modéliser cette inégale répartition :
- Soit r = rendement net du capital
- Soit g = taux de croissance (sur une année)
- Soit Ω = élasticité entre les facteurs de production K, L (capital, travail)
L’inégalité du capital, dans les modélisations économiques, est une fonction croissante de r – g, r pouvant dépendre de la technologie.

Cette courbe (graph. 10.9) insiste sur une donnée essentielle dans la théorie de repatrimonialisation des sociétés : dans l’histoire de l’humanité le rendement du capital est plus élevé que le taux de croissance. Rappelons pour mémoire que le taux de croissance moyen depuis l’antiquité est très proche de 0.2%, ce que l’on peut expliquer par la période antique, entre autres choses. Pour autant, l’Antiquité puis le Moyen-Âge jusqu’au XIXe siècle témoignent d’un rendement du capital assez positif : la valeur des terres agricoles est de 20-25 ans de rente foncière (revenu que perçoit le propriétaire de telle terre). Autrement dit et à l’époque antique, pour une rente annuelle de 1 000 francs or, il faudrait accumuler 20 000 francs or de terres : chose vérifiée très largement par ce graphique au cours de l’humanité. La Révolution industrielle n’a donc pas fondamentalement fait évoluer cette logique. Les Trente Glorieuses ne sont en rien un régime permanent d’après-guerre : la forte croissance de la population explique cette forte hausse de g. De nos jours, avec une croissance de 1%/an dans une logique de rendement de 5%/an, il suffit d’épargner 1/5e des rendements du capital pour que le rendement croisse au même rythme que celle des époques précédentes.
R > g
Le rendement du capital est donc supérieur au taux de croissance annuel au cours de l’humanité. Si manifestement, il vaut mieux accumuler du capital que des dettes, cette logique pose la question de la répartition, selon l’économiste. Il y a une contradiction logique entre le taux de croissance et le rendement du capital : si un taux de croissance de 1%/an signifie une économie en bonne santé (soit 30% tous les 30 ans donc 1/3 de l’économie renouvelée chaque génération), il met en évidence cette impossible autorégulation du rendement du capital. Dès lors, notre système d’imposition est-il opérant ?

Le taux de rendement du capital après impôts et pertes en capital est en dessous du taux de croissance au XXe siècle mais repasse au-dessus depuis le XXIe siècle. De 1987 à 2013, les plus hauts patrimoines mondiaux ont progressé de 6 à 7%/an contre 2,1%/an pour le patrimoine moyen mondial par habitant adulte et 1,4%/an pour le revenu moyen mondial par habitant adulte (source Forbes).
3) L’inégalité aux États-Unis : the land of opportunity, vraiment ?
Indéniablement, les États-Unis ne disposent pas de la même structure économique que le continent européen. S’ils incarnent un modèle plus égalitaire par certains aspects, ils sont aussi la manifestation de fortes inégalités par d’autres aspects. Historiquement, les États-Unis demeurent un État nouveau, cette donnée est très importante : le capital accumulé dans le passé compte beaucoup moins aux États-Unis que sur le Vieux continent, la forte croissance démographique assure un – équilibre relatif – entre r et g. Toutefois, the land of opportunity est historiquement une terre d’esclaves.

Si les États du nord concentraient moins inégalement le capital que l’Europe, les États du sud étaient par définition davantage inégalitaires. La valeur combinée des terres agricoles et des esclaves dans les États du sud dépasse 4 années de revenu national entre 1770 et 1810. Mais ce qui pose problème aujourd’hui est le système « hyper-méritocratique » des États-Unis, selon Piketty. La très haute rémunération de certains cadres déséquilibre la structure et l’appareil économique. Certes, pour certains, l’envol des revenus des super-cadres permet un enrichissement sans héritage. Mais le problème est que ce supposé modèle méritocratique peut-être le pire des modèles pour tous ceux qui ne sont ni super-cadres ni super-héritiers. Le système éducatif américain exemplifie cette situation.


Ces deux graphiques peuvent, sans doute, être expliqués par la baisse des taux supérieurs d’imposition. Le taux marginal supérieur d’imposition est passé de 70% en 1980 à 26% en 1988 aux États-Unis. Le taux marginal supérieur de l’impôt sur les successions aux États-Unis est passé de 70% en 1980 à 35% en 2013. Quoiqu’il en soit, l’analyse des inégalités aux États-Unis témoignent de la combinaison des deux facteurs de repatrimonialisation des sociétés précédemment évoqués : une imposition sur les revenus perçue comme inefficace et une répartition du capital inégale malgré un taux de croissance historiquement moins concerné par le rendement du capital.
La critique
À travers cet ouvrage, Thomas Piketty cherche à modéliser le rapport qu’entretiennent le capital et le revenu. r – g est élevé, ce qui conduit à une concentration extrême du capital. Cette donnée ne peut être expliquée par l’imperfection du marché, au contraire, plus le marché est concurrentiel et plus r – g est élevé. La partie IV suggère la mise en place « d’un impôt progressif sur le capital au niveau mondial sur la base d’échange automatique d’informations bancaires ». Il convient ici d’aborder la principale critique formulée à l’encontre des travaux publiés par Piketty et son équipe.
Effectivement, cet ouvrage, s’il rencontre un vif succès – surtout aux États-Unis, est également soumis à de nombreuses critiques notamment de la part d’économistes américains. Ainsi Per Krussel et Tony Smith estiment-ils que le β s’appuie sur une hypothèse peu réaliste du comportement d’épargne des agents. Piketty suppose que le taux d’épargne net est constant et positif. Autrement dit, l’économie augmenterait chaque année son stock de capital d’un montant qui est une fraction constante du revenu national net. Cette hypothèse, précisément parce qu’elle est exprimée en termes « nets », ne peut être standardisée. Avec une croissance démographique ou technologique nulle, l’hypothèse selon laquelle le stock de capital est toujours en croissance (car l’épargne nette est positive) implique que de plus en plus de production doit être détournée de la consommation vers l’investissement. Finalement, parce que le capital doit continuer d’augmenter, il est nécessaire de consacrer 100% du PIB à la formation de capital. Or même une baisse de la croissance de 2% à 1% nécessiterait qu’une fraction du PIB en forte augmentation soit réaffectée à la consommation au capital de construction. La théorie de référence – dérivée, entre autres, de Friedman (1957), Cass (1965) et Koopmans (1965) – soutient que, à croissance nulle, le capital est maintenu à un niveau constant, c’est-à-dire que le taux d’épargne net est nul, en contraste avec l’hypothèse de Piketty. Ainsi, la baisse de la croissance globale n’est tout simplement pas une force puissante pour générer de fortes inégalités, du moins celle évoquée par Piketty selon les économistes américains.
Une autre critique porte sur les raisons de placer l’inégalité au centre de l’analyse et ce, sans démonstration de la part de l’économiste Piketty. Martin Wolff rappelle que l’inégalité procure aussi des effets bénéfiques pour l’appareil économique tels l’incitation à l’innovation, le mérite. C’est en cela, que dans une économie vingt fois plus productive qu’il y a deux siècles, même les catégories sociales pauvres bénéficient de biens et services qui n’étaient même pas disponibles aux plus riches il y a quelques décennies. Wolf souligne l’importance de l’égalité en droit (isonomie) et conclut que l’inégalité de fait ne peut jamais être totalement supprimée.
Peut-on vivre sans accumuler du capital ? Les conclusions de Piketty nous laisse à supposer une société dont la capitalisation – maximale – devrait être plafonnée au profit d’une meilleure redistribution – sans tenir compte du mérite, paramètre qui semble indéniablement ignoré. En outre, confondre capital et patrimoine semble également un choix bien mesuré de la part de l’économiste : le propriétaire d’un bel appartement haussmanien se sent directement concerné, or est-il réellement ce capitaliste perçu ici comme un magnat de l’investissement, souvent « super-héritier » ? Finalement, convoquer la fonction de production Cobb-Douglas, qui éclaire sur la perception de ce qu’est un capitaliste selon l’auteur, peut sembler étonnant : en bon lecteur de Marx, seul le travail crée de la richesse. Or, il semble que Piketty n’accorde un nouveau rôle au capital : celui de création de richesse. Quoiqu’il en soit, cet ouvrage réussit un lourd travail de recherche cherchant plus que tout autre chose à trouver les fondements macroéconomiques des inégalités, jusqu’alors expliqués sous une analyse micro-économique, exclusivement.
« Au bout du compte, on peut s’attaquer aux inégalités de deux façons : en abaissant le haut ou en élevant le bas. »
MICHAEL D. TANNER
Sources et lien utile :
- PIKETTY Thomas, Le Capital au XXIe siècle, Seuil, 2013.
- Graphiques et données issus du livre. URL : http://piketty.pse.ens.fr/fr/capital21c
- World top incomes database (WTID). URL : http://topincomes.parisschoolofeconomics.eu/
- Le taux de croissance des plus hauts patrimoines mondiaux, 1987-2013 d’après les données de Forbes. URL : http://piketty.pse.ens.fr/files/capital21c/pdf/T12.1.pdf
- “Is Piketty’s ‘Second Law of Capitalism’ fundamental?”, Per Krussel, Tony Smith, 01/06/2014. URL : https://voxeu.org/article/piketty-s-second-law-capitalism-vs-standard-macro-theory